Portrait de J.-D. Nasio

Les grands personnages de la psychanalyse française par René Desgroseillers (Canada)

Avant de devenir l’un des meneurs du mouvement lacanien français, Juan David Nasio a effectué un cheminement original qui a profondément marqué sa réflexion psychanalytique. Originaire d’Argentine, c’est sur un divan kleinien, celui de Emiliano del Campo, lui-même un analysant de José Bleger, que Nasio fait son analyse. Après avoir complété ses études de médecine et sa spécialisation en psychiatrie, il quitte l’Amérique du Sud en 1969 pour venir s’établir en France et travailler avec Jacques Lacan qui, à l’époque est au sommet de sa carrière. Nasio obtint rapidement un poste à l’Université Paris VII où il enseigne la psychopathologie, en plus de s’impliquer activement dans la traduction en espagnol des Écrits de Lacan. Dès 1976, il ouvre un séminaire dans le cadre de l’École freudienne de Paris tout en participant au séminaire donné par Lacan. Après la dissolution par Lacan lui-même de l’ÉFP, Nasio, dans la tourmente qui s’en suivit, en vint à fonder, en 1986, les Séminaires Psychanalytiques de Paris, une association visant la transmission de la psychanalyse et la formation des analystes ainsi que des professionnels de santé mentale.

Proche de Françoise Dolto dans sa pratique avec les enfants, pédagogue passionné et passionnant, Nasio a multiplié, au cours des trente dernières années, les enseignements et les publications visant à faire connaître la psychanalyse. Ses livres se distinguent par son style d’une grande simplicité, dans un monde où un certain maniérisme est souvent de mise. Pourtant, Nasio ne fait pas œuvre de vulgarisation. Sa pensée est rigoureuse et fait preuve de créativité comme le démontrent les concepts novateurs de « l’inconscient unique », de « formation de l’objet a », de « forclusion locale », de « lésion d’organe », d' »inconscient instrumental du psychanalyste », et beaucoup d’autres contributions originales de l’auteur.

J.-D. Nasio a été promu au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur (1999) et, plus tard, d’Officier de l’Ordre du Mérite (2004) en reconnaissance de son travail dans le domaine de la psychanalyse et de la psychiatrie. Plus récemment (2012), il a reçu la plus haute distinction universitaire de Docteur Honoris Causa de l’Université de Buenos Aires et de Docteur Honoris Causa de l’Université de Tucuman.